Nelly Bichet montre les bons gestes à Maude qui adore fabriquer des chapeaux, en plus de son activité principale d’éducatrice spécialisée. (©Ville de Saint-Nazaire – Christian Robert)

[VIDEO] Les journées européennes des métiers d’art* auront eu lieu les 1er et 2 avril au Garage à Saint-Nazaire. Cet événement, accompagné par Saint-Nazaire Ville d’art et d’histoire, est l’occasion de mettre en lumière des savoir-faire peu connus comme le talent de la modiste Nelly Bichet, qui a recours à des outils ancestraux pour confectionner ses chapeaux.

 

Pénétrer dans la boutique de Nelly Bichet, au fond de l’espace dédié à la création Le Garage, c’est d’abord ouvrir grand les yeux pour apprécier toutes les couleurs et toutes les matières des chapeaux et des sacs exposés (sacs réalisés par Catherine Roncin). Ensuite, c’est découvrir l’atelier et ses outils anciens, un patrimoine culturel qu’utilise toujours la modiste nazairienne.

« J’ai acheté un lot de formes à chapeaux au début de ma carrière il y a vingt-cinq ans, relate Nelly Bichet. Ils servaient à la maman du vendeur, une dame qui aurait aujourd’hui 120 ans. » Les formes à chapeaux sont des outils de moulage qui servent à donner une certaine forme à la paille ou au feutre. Elles sont exposées sur tout un mur de l’atelier.

 

Dans l'atelier de la modiste Nelly Bichet à Saint-Nazaire

Outils et techniques anciennes

Nelly Bichet utilise aussi bien d’autre outils : une machine à coudre familiale, une machine ancienne spécialisée dans la couture de paille, ainsi que des marteaux, pinces et épingles argentines qui permettent de fixer la matière quand elle sèche sur le moule. « C’est une variété de techniques très intéressantes parce qu’on travaille des matériaux différents : la plume, le tissu, la paille et le feutre principalement. »

Pour donner sa forme au feutre, Nelly Bichet a investi dans une presse à chapeaux italienne des années soixante. Cette grande machine dotée d’un brûleur à gaz chauffe deux moules en aluminium qui s’emboîtent. « Quand la machine est en chauffe, on glisse le feutre entre les deux épaisseurs, explique la modiste. La matière sèche immédiatement et garde sa forme plus longtemps. »

Si Nelly Bichet a appris à faire cette étape à la main, elle apprécie le coup de pouce de la machine, pour les grands volumes et l’autonomie qu’elle lui procure. « Pour fabriquer des petites séries, qui sont pour moi des grandes quantités d’environ cent pièces, je faisais auparavant appel à des façonniers. Mais les usines de chapeaux sont fragiles en France et le savoir-faire part ailleurs. Pour continuer à fabriquer français, il faut garder les outils. Je suis donc très contente d’avoir trouvé cette machine, ainsi qu’un fournisseur de pièces détachées en Italie qui permet de la garder en fonctionnement. »

Du patrimoine culturel à la création artistique

Comment concilier tradition et nouveauté avec des outils qui ont entre soixante et cent ans ? « Je pense que c’est très important de transmettre la technique qui est ancienne, mais c’est aussi essentiel de montrer que le métier évolue, que les matériaux et l’usage du chapeau évoluent. Cela me tient beaucoup à cœur », insiste la modiste qui, forte de cet engagement, fait fabriquer des outils nouveaux par un formier et transmet sa passion sans relâche.

Formatrice au sein du centre de formation artisanal APP-H et membre du jury du concours de l’atelier-musée du chapeau à Lyon aux côtés du célèbre modiste anglais Stephen Jones**, Nelly Bichet accueille dans son atelier des candidats au CAP de chapelier-modiste. Elle partage aussi ses savoir-faire dans des vidéos publiées sur le site internet de Mes jolis chapeaux, une plateforme créée voilà deux ans avec la jeune modiste Marie-Lou Louaintier.

*Coordonnées par l’Institut national des métiers d’art, les Journées européennes des métiers d’art participent à une meilleure reconnaissance du secteur. Elles invitent gratuitement le grand public à aller à la rencontre des professionnels des métiers d’art lors de portes ouvertes, de manifestations ou d’ateliers.
**Stephen Jones travaille depuis quarante ans pour les plus grands créateurs comme Jean-Paul Gautier ou Dior et a habillé de ses chapeaux Lady Diana ou Rihanna.

Vérification des mesures du chapeau. (©Ville de Saint-Nazaire - Christian Robert)

Modiste, un mot passé de mode ?

Peu usité aujourd’hui, le terme de modiste désigne une personne qui fabrique ou vend des chapeaux. « C’est un métier à la fois basé sur une tradition de gestes et une grande part de créativité, complète Nelly Bichet. Dans tous les villages de France, cette profession était très commune autrefois. Plutôt que de changer de vêtements, on changeait de chapeau ou d’accessoires. Les accessoires faisaient la mode, d’où le terme de modiste. »

Le chapeau en quelques étapes

  1. Teinture de la matière
  2. Moulage
  3. Assemblage
  4. Finitions de bord et d’entrée de tête
  5. Garniture (ruban, fleur ou pompon)

La modiste nazairienne, médaillée de la Ville de Saint-Nazaire en 2022, a investi dans cette presse à chapeaux, une machine italienne des années soixante dont la vapeur permet de donner forme et volume au feutre. (©Ville de Saint-Nazaire - Christian Robert)

Rendez-vous

Autour du chapeau : exposition et concours de nombreux créateurs du 4 au 14 avril au Garage à Saint-Nazaire et du 14 au 16 avril à l’hôtel Saint-Christophe à La Baule.
Plus d’informations : autourduchapeau.com

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